Quand les écrivains nous parlent des glaciers de Chamonix
Depuis les débuts du tourisme dans la vallée de Chamonix en 1741, et avec l’engouement de la période romantique, c’est la mode des voyages en montagne. Des visiteurs célèbres, peintres, poètes, écrivains… se succèdent pour admirer les spectaculaires fleuves de glace qui subliment le paysage.
Lors de son passage dans la Vallée de Chamonix en 1825, époque de forte avancée des glaciers, le jeune Victor Hugo s’émerveille et nous laisse de magnifiques descriptions du Glacier des Bossons et de la Mer de Glace.
« Plus bas, à l’extrémité d’un immense manteau bleuâtre que le mont Blanc laisse tramer jusque dans la verdure de Chamonix, se dessine le profil découpé du glacier des Bossons (buissons), dont la merveilleuse structure semble d’abord offrir au regard je ne sais quoi d’incroyable et d’impossible […]. Qu’on se figure d’énormes prismes de glace, blancs, verts, violets, azurés, selon le rayon de soleil qui les frappe, étroitement liés les uns aux autres, affectant une foule d’attitudes variées, ceux-là inclinés, ceux-ci debout, et détachant leurs cônes éblouissants sur un fond de sombres mélèzes. On dirait une ville d’obélisques, de cippes, de colonnes et de pyramides, une cité de temples et de sépulcres, un palais bâti par des fées pour des âmes et des esprits ; et je ne m’étonne pas que les primitifs habitants de ces contrées aient souvent cru voir des êtres surnaturels voltiger entre les flèches de ce glacier à l’heure où le jour vient rendre son éclat à l’albâtre de leurs frontons et ses couleurs à la nacre de leurs pilastres. »
« Au-dessus de cette forêt, l’extrémité de la Mer de Glace, dépassant le Montanvert comme un bras qui se recourbe, penche et précipite ses blocs marmoréens, ses lames énormes, ses tours de cristal, ses dolmens d’acier, ses collines de diamant, dresse à pic ses murailles d’argent, et ouvre dans la plaine cette bouche effrayante, d’où l’Arveyron naît comme un fleuve, pour mourir un mille plus loin comme un torrent. »
Extraits de « En voyage, tome II (Hugo, éd. 1910) / Fragment d’un voyage aux Alpes »